Nous sommes devenus amis assez vite en début d’année, et c’est en premier lieu l’univers du jeu que nous avons choisi. Souvent dans la même rangée en classe, nous partagions les blagues et les histoires sur les Croisades durant les pauses, un humour absurde ayant pris ses racines il y a un certain temps sur des forums communautaires humoristiques.
L’idée d’un jeu à ce sujet nous est venue lors d’une sortie de cours alors que nous nous dirigions vers le métro après 3 longues, éprouvantes - et ainsi enivrantes - heures de mathématiques: nous délirions totalement. Nous pensions à un jeu où un croisé du XIIe siècle revenait dans notre monde pour aller mener combat contre les extrémistes des pays islamistes, et ainsi se battre à l’épée contre des tireurs armés de fusils d’assaut tout en évitant les djihadistes ceinturés d’explosifs. Ce croisé fantôme serait revenu frustré et combatif dans notre monde pour finir la quête qu’il avait commencée : conquérir Jérusalem. Mais nous nous rendîmes compte que la surenchère était allée trop loin lorsque nous pensions à des scènes bonus pouvant se situer dans des prises d’otages à bord d’avions de ligne, à la Mecque, ou lors de massacres tragiques et récents en Europe, où le croisé pourfendrait le Mal à grand renfort de ”DEUS VULT, INFIDELS !”.
Ainsi nous rigolâmes bêtement pendant notre kilomètre de marche quotidien, et décidâmes que le jeu que nous créerions devrait se baser sur un amusement sembable. Cependant, une volonté de rester politiquement corrects nous ramena quand même à la raison: un scénario plus classique, celui d’un un croisé héroïque soit, mais dans une Jérusalem d'époque, historique certes, mais surtout en présence d'éléments humoristiques et non fidèles à la réalité passée.
Dans un second temps, à la suite de beaucoup de discussions non fructueuses, ce fut Maxime qui trouva l’originalité souhaitée au niveau du gameplay alors qu’il montait les escaliers pour aller en classe; certains parlent d’un violent éclair de génie.
Il y aurait deux joueurs: un maître du donjon, maléfique et en vue aérienne; face à lui un croisé, héroïque et en vue à la première personne. Et nous commençâmes à laisser effuser nos esprits, collectant à terme de très nombreuses idées.
La narration qui suit sert à illustrer le déroulement d’une partie telle que nous l’imaginons. Cette description est non-contractuelle, et vise à véhiculer l’ambiance durant le jeu plutôt que ses mécaniques précises.
Le Croisé, qui s’était infiltré jusqu’au sommet d’un clocher, observe les méandres du souk en contrebas, et plus loin le quartier du Saint-Sépulcre, où les ruelles se pavent et s’élargissent. Son épée longue et affutée reflète le soleil qui passe à travers les abat-sons du clocher, et ces rayons de soleil, comme chaque chose du monde, lui rappellent sa foi. ”Deus lo vult”, murmure-t-il en déposant un baiser sur la croix qu’il porte au cou. Il vérifie son équipement, puis boit les dernières gouttes restées au fond de sa gourde et la dépose au sol: il n’en aura plus jamais besoin.
L’alerte est lancée: le Chrétien qui déjà a fait s’agenouiller les chefs religieux des plus grandes villes du pays est parvenu aux portes de Jérusalem. Caché dans son temple au cœur de la vieille ville, un homme encapuchonné et habillé d’une ample robe blanche écoute ses informateurs et conseillers. Le Miramolin surveille chaque échange, chaque cérémonie et chaque assassinat de la ville depuis les 30 dernières années; surveille, et contrôle. Aussitôt prévenu, il ordonne de poster des frondeurs à chaque porte du souk, et d’envoyer la milice en quatre groupe de dix dans le dédale des ruelles.
En pleine descente, les doigts serrés dans les interstices pulvérulents des murs de la tour, le Croisé observe dans la foule en contrebas les mouvements frénétiques des infidèles au service du Miramolin; il a le regard perçant d’un aigle qui depuis son aire guette le troupeau de brebis condamnées. Enfin, il touche le sol. Un homme s’approche pour l’agresser, mais se retrouve empalé jusqu'à la garde en un éclair. Il tombe au sol. La foule se disperse. Femmes et enfants se réfugient dans les maisons; bien vite, les rues sont quasiment désertes.
Descendu dans le sanctuaire inférieur, le Miramolin effectue de lents mouvements de mains au-dessus d’un autel. Ses conseillers continuent de lui faire parvenir les nouvelles à travers une ostiole dans le mur derrière lui, mais ses meilleurs espions ne sont pas à leurs côtés. Le Miramolin garde les yeux grands ouverts, rivés sur un bol en argent rempli d’un liquide sombre et visqueux. Dans la noirceur profonde du mélange, il communique avec les djinns. Ses pupilles se dilatent, le blanc de sa cornée s’injecte d’un sang vicié. Il voit la ville d’en haut, depuis le ciel. Un sortilège lui permet rapidement de repérer son ennemi. Il agit en conséquence.
Le Croisé marche à pas assurés dans les allées désertes, en direction de l’Eglise du Saint-Sépulcre; les clochers le guident dans le labyrinthe de la ville, et il devra tourner à droite à la prochaine occasion. Après un affrontement vite résolu avec une vingtaine de bandits, le Croisé s’agenouille, baise son pommeau et reprend sa marche; à ce rythme, il arrivera à sa destination au zénith. C'était presque trop facile. Mais soudain, le ciel s’obscurcit devant lui: en lieu et place du marché principal qu’il comptait traverser, se trouve une tempête de sable, hurlante, surnaturelle, et difficilement pénétrable. Va-t-il prendre le risque de s’y engouffrer, choisira-t-il plutôt de passer par la cour du bâtiment devant lui, ou encore par les toits ? Sa croix rayonne au creux de sa main, et la décision est sienne.
Dans la pénombre du sanctuaire, le Miramolin se tient prêt.
Le groupe Seagulls s’est formé entre quatre amis toujours ensemble depuis le début de leur scolarité à Epita. Pourtant, ils n’ont pas tous les mêmes centres d’intérêt, et c’est ce qui fait la richesse de ce groupe. Leur seul point commun, c’est leur humour à toute épreuve : Il n’y a rien dont ils ne puissent pas rire, c’est même un de leurs principes, le point de leur éthique auquel ils tiennent le plus. Mais quand le temps n’est pas à la rigolade, ce sont aussi des programmeurs acharnés qui ne jurent que par le travail bien fait et terminé, un trait de caractère hybride entre qualité et défaut très bien incarné par leur chef de projet, Léonard, qui ne jure que par la rigidité et la droiture.
Ainsi, ce groupe original a pour objectif la réalisation de programmes à thèmes variés, leur premier projet d’ampleur étant le jeu vidéo présenté ici. C’est une tâche à laquelle ils s’adonnent avec passion car elle mêle réflexion, exploration, recherche, découverte et esprit d’équipe. En effet l’entraide sera nécessaire pour que de quatre cerveaux, on puisse aboutir à un seul et même objectif.
Ferdinand “Pumafi” Bhavsar :
C’est lui qui connaît le mieux le C#. Il a également de l’expérience en logiciel de modélisation 3D. Il dessine bien et en détails, et apprécie les thèmes de la survie et de la guerre, récente comme ancienne. Ses capacités dans le domaine ont déjà servies dans un précédent projet. Ferdinand est également secouriste à la Croix de Malte; c’est une personne qui aime le travail d’équipe et qu’il serait bien d’avoir à ses côtés le jour de l’Apocalypse venu. Par-dessus tout, Ferdinand est l’historien de l’équipe et maîtrise le sujet des Croisades. Il se décrit de la façon suivante:
“Je veux reprendre Jérusalem! Deus Vult! J’ai une grande passion pour l’histoire; le livre L’Epopée des Croisades, de l'académicien René Grousset, fut une grande source d’inspiration pour ce projet. Jadis en Terminale S-SVT spécialité mathématiques, j’ai appris les bases du C# hors du temps scolaire. Je n’ai pas approfondi néanmoins, je n’ai donc jamais fait de projet où je codais seul. Cependant, je fus inclus dans des projets en temps que dessinateur, pour mon imagination et mon trait. Ayant été 10 ans dans le milieu du scoutisme, et également deux années chef de patrouille, le travail d’équipe est pour moi un moyen essentiel de progression, et même d’épanouissement. Le projet va nous mettre à l’épreuve, faisant parfois monter des dissensions qu’il nous faudra surmonter. Il va de plus nous permettre de progresser en informatique.”
Dorian “Dvorak” Poncet :
Dorian est né avec trois grand frères. Membre de cette fratrie de garçons, il se fit lui aussi une passion pour les jeux, vidéo et matériels. Un de ses frères devint cependant musicien, un autre vidéaste et son aîné le plus jeune a intégré une école de gamedesign. Si Dorian devait s’occuper d’une part du projet, il aimerait créer les niveaux et les mécaniques du jeux. Ses bonnes notes en programmation au premier semestre (19,41/20) présage des capacités en coding. Il a également mis les mains sur quelques logiciels de 3D et de gamedesign. Interrogé, il se décrit comme suit :
“Pour faire court, j’aime les aspects ludique et logique de la programmation, et j’ai une encore plus grande affinité pour la création de décors servant à jouer (soit en jeu vidéo soit plus jeune avec des jouets du monde réel). Je suis intéressé par l’histoire militaire récente et ancienne, et le thème des Croisades m’émeut beaucoup. J’ai un frère en quatrième année d’école de game design, et deux grands frères sensibles à l’art vidéoludique, et je voudrais les impressionner avec ce projet. Deus vult, comme on dit; et Deus suos agnoscet. Comme Ferdinand, j’aimerais que François Hollande ou son successeur fasse campagne pour reprendre Jérusalem et la léguer au Vatican; si telle quête était organisée, je serais premier à charger (deuxième peut-être, si Ferdinand court plus vite).”
Léonard-Spencer “Spen$$” Rispal :
L’élection de Léonard comme chef de projet s’est faite naturellement, sûrement motivé par sa bonne humeur et son sérieux. Le thème des Croisades l'intéresse également lui aussi. Avec humour et passion, il se présente de la manière suivante :
“Elu chef de projet par mes camarades, sûrement pour ma capacité (presque qualifiable de manie) à faire les choses de manière carrée, je compte bien nous mener, mon groupe et moi ainsi que notre projet, à la victoire -- comme l’a fait Godefroy de Bouillon en cette belle année 1099 -- car le sang des croisés coule dans mes veines. En effet, ma généalogie a prouvé que mon destin était de faire partie de ce projet. Mes quelques connaissances sur le domaine de la musique et de l’arrangement musical pourront peut-être aussi me servir ici. Je ne suis peut-être pas le plus avancé de nous quatre en terme de niveau de programmation, la terminale S-SVT spécialité SVT n’ayant de surcroît pas aidée, mais je compte bien rattraper mon retard lors de ce projet.”
Maxime “Myoshi” Olivier-Mouton :
Seul membre du groupe ayant choisi l’option ISN en terminale, il a déjà eu l’occasion de se mettre dans les conditions de réalisation d’un projet, même si les enjeux n’étaient pas les mêmes. Il est motivé pour réaliser tout type de jeu vidéo, aimant lui-même y jouer, il pense aussi que le gameplay prime sur les graphismes.
“Les jeux vidéo, c’est un peu comme la rencontre entre plusieurs genres artistiques, et, alternativement, ça permet aussi de simuler la guerre sans tuer des gens. Pour autant les raisons qui nous poussent à y jouer sont différentes pour chacun. Divertissement, compétition ou catharsis ; pour ma part c’est les trois en même temps, alors autant faire un jeu qui réunisse ces trois aspects ! En dehors de ça, j’aime la musique, la photographie, le design, aussi je compte utiliser ces compétences pour l’élaboration du projet.”